Africa Mondo
Le retour des afro-descendants en Afrique, quel programme pour les accueillir ?
Camara Laye a dit "Rien ne rime, mais tout dépend de l'esprit dans lequel on l'accomplit."
Nos aïeux et toutes les divinités qui nous entourent peuvent en témoigner, tant ils nous donnent force et courage pour que le Mois de l'histoire des noirs en Afrique se matérialise comme une pierre angulaire posée en cette nouvelle décennie pour qu'Africains et Afro-descendants créent les nouvelles fondations de relations plus apaisées.
En effet, lors de la cinquième conférence d'Africa Mondo dans le cadre du MHNA Bénin, le jeudi 14 février 2020, en plein air, nous avons vécu une ambiance dès plus chaleureuse de retrouvailles entre béninois et Afro-descendants avec la Famille Jah, pionniers du retour des Afro-descendants sur le continent, Dafnee BORGELA, ancienne présidente de l'association des Haïtiens du Bénin, et Akosudé Horace KOUGNIAZONDE, Juriste Lobbyiste, Afropreneur.
Un public venu en nombre aux côtés des béninois parmi lequel une famille martiniquaise installée au royaume de Danxomé depuis juillet 2019, des guadeloupéens, des nigérians, des ivoiriens, des camerounais composaient cette assistance aux couleurs internationales.
Cette cinquième conférence animée par Mélina SEYMOUR, Afro-descendante originaire de la Guadeloupe, coordonnatrice générale du Mois de l'Histoire des Noirs Afrique a mis en lumière sans langue de bois plusieurs aspects des réalités des conditions du retour de la diaspora en Afrique : le choix du pays, les visas, les textes ou l'absence de décisions politiques qui faciliteraient l'accueil et le retour des Afro-descendants, la méconnaissance de notre histoire commune, le manque de visions stratégiques et politiques incluant la diaspora...

En guise d'introduction, Père et Mère Jah ont détaillé l'état d'esprit qui les a conduit à revenir sur la "terre promise."
Durant tout le débat, ils ont passé en revue l'accueil du feu Président du Bénin, le Général Mathieu KEREKOU, les difficultés auxquelles ils ont du faire face et la façon dont ils ont relevé les différents défis rencontrés sur leur parcours depuis 22 ans.
Ils ont également rappelé l'importance de célébrer le Mois de l'Histoire des Noirs en Afrique pour la nécessité de mieux nous connaître, nous accepter et pour faire route ensemble. Mère Jah dont le 14 février marque son jour de naissance nous a exhorté à poursuivre cette oeuvre durant toute l'année et d'être encore plus actifs pour que le MHNA au Bénin en 2021 soit également une réussite.
Dafnée Borgella s'est exprimée sur les aspects qui lient Haïti et le Bénin ; la culture, la spiritualité avec la pratique du Vodoun...et a également expliqué son choix de poursuivre ses études au Bénin. Dafnée a enfin évoqué les contraintes administratives pour les Haïtiens malgré l'exemption de visa entre les deux pays.
Horace Kougniazonde, panafricaniste et contributeur actif pas que dans la parole, mais à travers des actes concrets a partagé avec l'assistance le projet fondateur d'utiliser les outils et applications numériques pour créer une vaste base de données pour faciliter administrativement l'installation de ceux qui le souhaitent en Afrique. Il a également fait part de son expérience à travers une commission composée de ghanéens et de béninois pour que le "retour de la diaspora" soit aussi une réalité au Bénin.

Lors du passage du micro dans le public, la famille martiniquaise a fait part de son expérience au Ghana et au Bénin. Ce couple et leur trois enfants ont quitté la Martinique pour "s'auto réparer" et vivre pleinement sur les terres de nos ancêtres. Ils ont été choqués au Ghana quand ils ont reçu leur carte de "Non citoyen / Non Citizen Ghana Card" ; comme un rejet et une non reconnaissance de leurs efforts pour s'intégrer ; eux qui ont tout quitté aux Antilles, par choix, pour vivre en Afrique, face à l'incompréhension voire les critiques de leur famille. Un témoignage poignant qui leur vaut les applaudissements nourris du public.
À été souligné, l'important travail du père de l'indépendance du Ghana, le Président panafricaniste Kwame NKRUMAH épris par les théories de Marcus Garvey sur le "Retour en Afrique" et de "l'Afrique aux Africains". Ce panafricaniste visionnaire a reçu un hommage appuyé en tant que grand bâtisseur de l'Afrique à travers sa vision politique visionnaire incluant la diaspora.
Des échanges et des partages d'expérience riches d'enseignements qui ont ému panélistes et public ponctués par la remise officielle du symbole du Black History Month Africa, délivré par la Promotrice d'Africa Mondo, représenté par une poignée de main sculptée en bois.
Trois sculptures ont donc été remis par Mélina Seymour et Père Jah tout d'abord à Mère Jah à l'occasion de son anniversaire et son oeuvre, à la famille martiniquaise pour sa détermination et son acte de retour sur le continent et à Horace Kougniazonde pour sa contribution effective pour unir diaspora et africains.

À l'issue de la séance de photos finale, le public s'est dirigé vers l'exposition du MHNA Bénin afin d'y découvrir la centaine d'œuvres artistiques disponibles dans les locaux d'Africa Mondo jusqu'au 29 février.
En guise de conclusion de celle belle soirée, en cœur, les Afro-descendants présents ont vécu au plus profond de leur être cette pensée de Kwame Nkrumah "Je suis africain, non pas parce que je suis né en Afrique, mais parce que l'Afrique est née en moi."